Alors que le Silent Hill de Konami s'est imposé quelques mois plus tôt comme un concurrent solide, Resident Evil perd un peu de son monopole mais continue son petit bonhomme de chemin en bouclant de bien belle façon un premier cycle dans sa saga, marquant également la fin d'une génération de consoles, les 32 bits.
Au nom de la loi, arrêtez de manger cet homme !Des hélicoptères en formation lâchent des troupes d'élite dans les rues de Raccoon, les forces de l'ordre n'hésitent plus à tirer en rafales sur d'innombrables habitants contaminés, policiers et mercenaires tentent en vain d'enrayer le flot des morts-vivants à coups de fusils à pompe, grenades et fusils d'assaut. Ils seront vite dépassés par les événements, terrassés par la horde d'infectés.
Cette mise en situation très nerveuse et ultra-efficace montre à quel point Capcom maîtrise les séquences cinématiques, aussi bien dans la réalisation que la mise en scène, toujours aussi percutante. Séquences qui ne feront qu'évoluer pour le meilleur (Onimusha 2 en est un bon exemple), faisant même de l'ombre à Squaresoft sur ce point.
Mais elle a surtout le mérite retranscrire admirablement l'état d'urgence, d'illustrer on ne peut mieux le chaos insoluble dans lequel se trouve plongée une petite bourgade jusque là tranquille, et qui par là-même n'est pas sans rappeler les scènes introductives du Zombie de Romero, tout aussi justes.
C'est dans ce contexte perturbé que nous prenons le contrôle de Jill, l'héroïne de Resident Evil 1, ici de retour.
Nappes sombres pour tables superbesNul doute possible, nous tenons là le plus beau des Resident Evil sur PlayStation! C'est la luxuriance graphique, avec des effets de lumière toujours aussi splendides et des environnements fourmillant de détails, repoussant les limites de la machine pour le meilleur, ravis que nous sommes de nous en prendre plein les mirettes. Même si le cadre est définitivement urbain et ouvert, Capcom a su conférer à chaque lieu visité un rendu chaleureux, avec en sus quelques agréments comme la pluie qui tombe. L'univers Resident est plus vivant et crédible que jamais, avec ce supplément d'atmosphère non négligeable.
Une atmosphère d'ailleurs très apocalyptique sur ce volet, grâce à l'apport des compositions musicales plus lourdes, infiniment plus sombres qu'auparavant, reflétant à merveille ce climat de désolation ambiant, incorporant des sentiments tout nouveaux comme la mélancolie et le désespoir, qui rendent les nappes d'autant plus belles, augurant d'une issue poignante, d'une fin tragique.
Mais ils montent les escaliers, ces cons-là !!!Resident Evil 3 Nemesis voit la première apparition de l'analogique dans la saga. C'est autant un mal qu'un bien, puisque ceux qui ne se sont jamais habitués à la maniabilité singulière d'un Resident risquent de pester encore plus ici, où le maniement du personnage est assez sensible.
La maniabilité a subi quelques retouches bienheureuses, avec enfin le demi-tour rapide inclus! Il était temps... Nous pouvons aussi à présent monter ou descendre une volée de marches sans avoir à passer par la touche action et sans déclencher non plus un loading fastidieux à la longue.
Ce qui est une excellente chose en soi, mais hé hé hé... sachez que les zombies n'hésiteront pas un seul instant à user eux aussi de cette fonction toute fraîche! Zombies qui, pour certains, se font beaucoup plus véloces et agressifs, et donc bien flippants.
On notera parmi les nouveautés un système d'esquives qui nécessite un bon timing (donc pas facile à réaliser, mais c'est pas plus mal sinon ça aurait rendu le jeu beaucoup trop facile), la possibilité de se servir de certains éléments du décor pour se débarrasser d'une vague d'ennemis, comme ces fameux barils explosifs. Evolution notable enfin, avec la possibilité de créer ses propres munitions au travers de mélange de poudres.
Cela dit, rien de bien révolutionnaire, mais de bien bonnes trouvailles quand même qui alimentent le gameplay en beauté, d'autant que désormais, les denrées à récolter sont générées aléatoirement, ainsi que certaines rencontres et résolutions dénigmes. Idéal pour conserver une part d'inattendu.
Les fans des opus les plus récents pourront en outre se réjouir sur cet épisode qui voit naître le mode mercenaries.
Heu... on s' connaît ?Venons-en sans plus tarder à l'attrait principal de cet épisode : le Nemesis en lui-même.
Personnage ultra-charismatique à mi chemin entre le Leatherface de Hooper (Massacre à la Tronçonneuse) et le Terminator de Cameron, c'est aussi l'un des ennemis les plus redoutables de la série, ayant juré votre perte alors que vous n'avez même pas été présentés!.. Le sans-gêne de certains, vous avouerez...
Pour vous atteindre, ce sinistre individu défoncera murs et portes, vous traquera d'un quartier à l'autre à plusieurs reprises de l'aventure, n'hésitant pas à défoncer le crâne d'un zombie qui oserait se mettre entre lui et vous.
Autant dire que dès qu'il fait son apparition, avec sa voix qui a fait tressaillir bon nombre de joueurs et le thème musical qui lui colle à la peau, la pression est décuplée, l'adrénaline monte en flèche, bref on panique et on n'a plus qu'une seule chose à faire : fuir au plus vite ce bougre sacrément tenace, robuste et dangereux !
Autre grande nouveauté de ce RE3, les fameux choix en live : face à une situation tendue, on vous laissera 2 secondes pour vous décider entre deux actions possibles. Ça influera sensiblement sur le déroulement du scénario et contribuera à ajouter un supplément de tension et d'urgence bien intégré à l'esprit du soft.
Une ville portuaire ?Limites techniques obligent, la ville de Raccoon est non seulement envahie par les zombies certes, mais aussi par une multitudes de portes qui séparent chaque quartier de la ville, à tel point qu'on se croirait en pleine ville dans un manoir. Pas vraiment réaliste... c'est l'un des quelques défauts qu'on peut relever sur Resident Evil 3 Nemesis, tout comme le fait que Capcom a revu à la baisse ce qui avait été mis en place sur le volet précédent : RE3, c'est 1 personnage jouable (Jill, héroïne du premier RE), 1 CD, 1 scénario. Point.
A croire qu'ils avaient mis la barre trop haut sur RE2, au point d'abandonner - à nôtre plus grand regret - cette idée géniale de scénarios parallèles, au lieu de la fignoler.
Autre petit point de discorde : si, comme on l'a vu plus haut, le demi-tour est incorporé avec bonheur, il est toujours impossible de recharger à la volée, contraignant le joueur à entrer dans l'inventaire pour combiner armes et munitions. Un peu gonflant quand même.
Par contre, et contrairement à ce que certains peuvent penser, RE3 est pour moi un retour au survival, avec ses moments éprouvants.
Il propose deux modes de difficulté : difficile et facile. On oubliera le mode facile qui n'est fait que pour les manchots et qui casse littéralement le jeu, pour ne retenir que le difficile, qui est effectivement plus difficile que Resident Evil 2.
Source : Ultimate-RE.com