Date symbolique pour Resident Evil 2, qui sort en 1998, l'année où sont censés se dérouler les événements décrits par ces premiers volets sur PSX (à quelques mois de la victoire de la France en coupe du monde de foot, ce qui n'a rien à voir mais qui situe un peu le contexte).
Signe du destin ou coïncidence, ce volet va faire un carton et reste au jour d'aujourd'hui considéré par beaucoup comme l'un des meilleurs épisodes de la saga de Capcom, si ce n'est le meilleur scénarisitiquement .
Là où y a d' la genèse, y a pas d' plaisir...Comme chacun le sait désormais, le périlleux développement du jeu jouit d'une réputation tout aussi légendaire que le soft en lui-même, avec une première mouture mystérieusement avortée à 65% (80% selon les sources), pour tout reprendre à zéro sur de nouvelles bases! Quid?
Les spéculations de toutes sortes circulent sur le net pour tenter d'expliquer ce geste surprenant de la part de Capcom, des rumeurs dont on ne retiendra ici que les dires de Shinji Mikami en personne, qui à l'époque a affirmé que le résultat premier ne lui plaisait pas. Pourquoi pas...
Quoiqu'il en soit vraiment, tout ceci donnera lieu à un jeu mort-né devenu mythique. Il sera intitulé par vox populi Resident Evil 1.5 et reste encore aujourd'hui ultra-convoité par les fans déçus de la version commercialisée de RE2, à tel point que des pétitions ont circulé, ayant pour but d'inciter Capcom à mettre en vente ce demi-jeu.
Aucun écho retour ne parviendra au public.
Des fans déçus par RE2? Qu'ouïs-je..?Shinji Mikami, le créateur de Resident Evil, n'a jamais caché ses inspirations provenant de la saga des morts-vivants du non moins illustre George Romero, le réalisateur de cinéma. Il aurait eu du mal à s'en cacher, d'ailleurs, tant c'est l'évidence même.
Le parallèle entre les deux oeuvres est d'autant plus frappant quand on analyse l'évolution Resident Evil 1 / Resident Evil 2, et celle de La Nuit des Morts-Vivants / Zombie, qui suivent à peu près la même logique : à la mansarde confinée et recluse avec ses relents de mort, ses trophées de chasse et ses boiseries rustiques se substitue un cadre urbain beaucoup moins claustrophobique, à la rigueur du concept suggérant l'angoisse se troque une action débridée, le fun, la surenchère.
La déception se fera ressentir sur la démo jouable de RE2 (présente sur le Director's Cut de RE1 qui sort en 97), alors que nos premiers pas dans l'aventure nous montrent notre personnage encerclé par des meutes de zombies, dans les rues de Raccoon en proie aux flammes, où armes et munitions semblent se faire plus abondants qu'auparavant.
Le soft devient plus accessible, moins flippant et le fan de la première heure tire la tronche. Mais ce sera sans compter l'intense pouvoir de séduction d'une saga qui continue de créer l'événement 13 ans après ses débuts.
Répète-moi ça : "quatre scénarios???"Quand le jeu sort enfin, on ouvre le boîtier et là, grosse surprise énorme : deux CD, un par personnage jouable!!!! C'est quoi, c't'affaire?
C'est tout simplement la trouvaille la plus stimulante que Capcom nous offre ici, sous forme de scénarios parallèles, interchangeables et interactifs. Rien que ça!
Pour tenter de faire simple, nos deux héros se voient dès le début du jeu séparés par les flammes suite à un accident, et auront donc des parcours sensiblement différents.
En finissant l'aventure avec un premier personnage, vous n'aurez qu'à prendre votre toute dernière sauvegarde après-générique pour faire l'aventure du point de vue de l'autre personnage.
Et comme vous avez le choix dès le départ, pouvant inverser l'un et l'autre parcours, au final, on se retrouve avec quatre scénarii, décuplant ainsi la durée de vie.
Ce n'est peut-être pas très clair pour ceux qui ne s'y sont pas essayé, mais le concept est tout simplement génial, d'autant que certains de vos choix influeront sur l'aventure de l'autre personnage.
Il est vraiment regrettable que Capcom n'ait pas eu plus de suite dans les idées, en abandonnant ce système dès l'épisode qui suivra celui-ci.
Beau comme un camion-citerne, intéressant comme une décapitation.Techniquement, rien ici de bien révolutionnaire, nous sommes dans la continuité, hormis le fait que Resident Evil 2 tape évidemment plus fort que son aîné en affichant des environnements plus détaillés, plus riches, dotés d'une palette de teintes plus étendue pour un rendu de toute beauté.On admirera particulièrement la beauté des flammes rougeâtres dansant sur des fonds bleus-verts du plus bel effet.
L'ensemble est plus cinématographique que jamais, avec toujours ces angles de caméra bien placés et variés, avec en outre un sens du rythme qui empêche toute lassitude.
Le bestiaire s'est étoffé, avec notamment l'apparition des créatures parmi les plus charismatiques de la saga : les Lickers. A noter également la présence d'un certain Mr.X, qui préfigure le Nemesis de RE3.
Pour le reste, on est en terrain connu, avec l'alternance énigmes/combats/exploration, même si, comme on l'a vu plus haut, le déséquilibre se fait en faveur de l'action. Mais la part accordée aux seconds rôles, dont certains jouables, rendent le tout vraiment très attachant, avec plein de petites surprises qui feront à Resident Evil 2 un succès mérité.
Capcom ne s'est pas foutu de son public, c'est clair. Et puis cette surenchère de l'action apporte un fun considérable, qui reste bien appréciable !
Petit point de détail, mais qui a son importance : désormais, l'état de santé du personnage jouable est visible : plus on sera blessé, plus on se tiendra les côtes et plus on sera entravé dans nos mouvements. Epatant!
Pour en revenir au(x) scénario(s) évoqués plus haut, il est communément reconnu que la série des Resident Evil n'a jamais brillé par cet aspect.
Car il est difficile de trouver des oeuvres à base de zombies ayant une histoire qui tienne la route, aussi bien dans le cinéma que dans la littérature ou le jeu vidéo.
Resident Evil avait su s'octroyer une histoire qui tenait en haleine et pleine de rebondissements, Resident Evil 2 enrichit le background scénaristique en approfondissant l'univers avec ses manipulations génétiques, ses personnages ambigus et ses trahisons. C'est suffisamment rare dans le genre pour qu'on puisse admirer l'effort fourni sur ce point par les équipes de Capcom.
La bande sonore n'est pas en reste, une fois encore, avec des instrumentalisations désormais plus riches, pour des thèmes musicaux toujours aussi envoûtants et réussis (aaah, le thème du hall du commissariat!).
L'habillage sonore de la ville vaut également son pesant de Chips au munster, tout comme le souffle rauque des Lickers, le pas lourd des chiens dans les sous-sols du commissariat, le tout bâtissant à nouveau une ambiance qui est une réussite incontestable en matière de macabre et de glauque.
L'enfer aussi a ses faiblesses !Inutile de revenir sur le déséquilibre du concept en faveur de l'action, déjà évoqué à plusieurs reprises plus haut, mais qui reste un constat.
En revanche, une chose a interloqué sur cet opus : il existe un temps de latence entre la commande "action" pour ouvrir une porte et l'ouverture effective! Il y a bien 1 à 2 secondes de répit, ce qui est énorme et qui n'existait tout simplement pas sur le premier épisode!
Bizarre... mais pas vraiment gênant.
La maniabilité n'a pas subi de retouches particulières, on déplorera donc le fait que Capcom n'ait toujours pas incorporé de demi-tour rapide, qui eut été bien pratique en certaines circonstances particulièrement tendues !
Enfin, si l'idée des scénarios parallèles est un trait de génie, reconnaissons que le système reste largement perfectible, insuffisamment élaboré, avec des parcours un peu trop semblables et des interactions entre les scénarios, beaucoup trop timorées.
En peaufinant cette trouvaille, Capcom aurait pu nous pondre l'un des meilleurs Resident Evil ayant jamais existé, mais la firme en a décidé autrement en abandonnant purement et simplement l'idée.
La gendarmerie de Raccoon recrute, n'hésitez plus !Resident Evil 2 est une suite qui a tendance à céder à l'appât du gain, en se rendant accessible au grand public. On regrettera ainsi l'ambiance mystérieuse, la claustrophobie oppressante du premier opus, son charme unique ici remplacé par une action plus soutenue.
On se réjouira en revanche du fun des combats, des graphismes plus fins, plus riches et d'une avancée dans l'histoire globale captivante. Avec en outre son système de scénarios parallèles, ses personnages secondaires jouables, son atmosphère glauque très réussie et son sens du rythme, Resident Evil 2 impose un charisme pas possible et honore parfaitement la trilogie "Raccoon City" sur PlayStation 1, qui reste le meilleur pan de la saga.
Source : Ultimate-RE.com